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Famille Bamena de Belgique (FBB)
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Famille Bamena de Belgique (FBB)
17 octobre 2008

Cameroun, cadi , purification pratique satanique?

1709490314_smallDans une brochure de 55 pages intitulée "Le cadi : une juste purification ou une pratique satanique", Le pasteur proposant de l'Eglise évangélique, Sadrack Djokou jette un regard critique sur la pratique du cadi et tente de répondre à la question de savoir si elle est compatible avec le christianisme. Dans un premier ensemble de trois chapitres, il dégage les différentes phases du phénomène. Pour l'auteur, le but premier et apparent du cadi est l'assainissement des moeurs dans une société confrontée à des difficultés diverses. Les enjeux financiers semblent avoir altéré cet idéal. L'épreuve du cadi obéit à un ensemble de rituels séculaires.

INTRODUCTION

Le "tchetchek" consiste à invoquer par les chants et les danses rituels les esprits de morts. Le contact avec ces esprits ébranle dans tout un chacun, les dénonciations de tous les êtres à l'esprit démoniaque. Malheureusement, ce défoulement se fait sur fond d'intrigues, les officiants ou "Ngankang" n'agissant que sur renseignement. Le crachat rattache le communiant spirituellement et physiquement aux esprits des morts. Les statues mâle et femelle que l'on traverse sont des esprits absorbants servant à neutraliser les esprits maléfiques. Le sac avec lequel le "Ngankang" vous tapote le front sert à réveiller en vous tous les esprits qui vont assurer le contrôle de tout votre être.Le chien noir que l'on frappe est le symbole du monde mystique et pervers dans lequel nous vivons. Ce chien enterré par la suite vivant, représente le lien qui existe entre le communiant et les esprits maléfiques. Le liquide mystique que boit le communiant lui ouvre les portes du monde des esprits et scelle son adhésion à leur sollicitation.

Dans le second volet de son fascicule, l'auteur se pose des questions sur le cadi, qu'il analyse à la lumière des données bibliques. Le but initial du cadi, constate-il est d'enrayer le mal dans la société. Malheureusement, après sa pratique, rien n'est réglé. Les gesticulations des officiants ont créé un climat de haine, de suspicion. Les dénonciations, l'une des bases du cadi, s'apparentent à la diffamation. Tout événement qui survient dans la société n'est plus expliqué que par ce phénomène. Le cadi laisse donc une société incertaine, un individu diminué, apeuré, miné par une angoisse profonde ; coupable devant Dieu qu'il a abandonné au profil des forces occultes. Si le chemin est celui-là qui a abandonné toute sa vie mondaine et pécheresse, qui a entièrement donné sa vie à Jésus, considérant son corps comme le Temple du Saint Esprit (Cor.6:19), il ne doit pas prendre part au cadi qui relève d'un monde obscur et dangereux. Malheureusement, souligne M. Djokou, le chrétien, inquiet et ne trouvant pas de réponses à tous ses problèmes dans l'Eglise, va chercher refuge dans le cadi.

L'Eglise s'est ainsi révélée irresponsable devant l'enjeu social au milieu duquel elle se trouve. Le pouvoir d'exorciser le mal lui a manqué et le pas vers satan est vite franchi par le fidèle. Devant la souffrance et la misère de l'homme, elle semble se dérober de ses objectifs spécifiques ; elle s'égare, laisse la possibilité à l'homme de chercher son salut n'importe où et n'importe comment. Elle se doit de reprendre foi en son oeuvre. Le dernier chapitre interpelle tout adepte du cadi à entreprendre une action de libération et de purification en se réconciliant avec Dieu. Il doit revenir à son créateur et lui confier toutes ses appréhensions et toute sa vie. Au total, le Pasteur Proposant Djokou de l'E.E.C met en relief les nobles objectifs du cadi originel, à savoir : extirper le mal, purifier et assainir la société. Mais déplore la transformation de cette thérapeutique collective en messe noire, les intérêts bassement matérialistes y étant pour beaucoup. Le chrétien, égaré dans cette voie satanique se doit de renouer avec Dieu. Les réflexions d'un observateur chrétien

Le cadi est un mot arabe désignant le juge musulman compétent en matière religieuse. Par la suite, il est devenu synonyme de rite, incantation organisée dans une communauté où l'équilibre psychosocial, politique et économique est perturbé, l'objectif poursuivi étant de la purifier et de l'exorciser grâce à la psychanalyse collective de tous ses membres. On aboutit où on veut à tout le moins tendre vers la thérapeutique collective. L'ordalie au contraire permet au magicien, ou au notable de détecter un hors-la-loi dans un groupe de moindre importance. Le cadi fait partie des traditions Bamiléké. Chaque chefferie l'organise suivant ses préoccupations. Dans les années 1960, la région Bamiléké et le Moungo secoués par les luttes de l'indépendance furent soumis à ce rite.

Actuellement, la sinistrose a peut- être poussé certaines chefferies du Ndé à le pratiquer. Face aux nombreuses interrogations que suscite ce phénomène surtout du côté des chrétiens, il est indiqué d 'en faire une lecture froide. A partir du travail de terrain effectué à la chefferie de Bamena, on passera au crible ses aspects organisationnels en faisant vivre ses différentes péripéties de manière succincte. Le soubassement historique, culturel et socio-économique mérite d'être examiné pour tenter de répondre à la question qui est celle de savoir s'il ya incompatibilité entre religions révélées et le cadi, autrement dit comment surmonter le choc des cultures ? Aspects organisationnels L'organisation d'une séance de cadi est minutieuse. Elle a pour finalité le conditionnement des membres d'un groupe. Il s'agit de les mettre en transe, en situation d'hystérie, devant aboutir à leur culpabilisation. La libération du subconscient , du moi profond provoquant le défoulement en est l'ultime objectif. Le matraquage psychique, le viol des consciences s'expriment à une vaste échelle pour frapper les imaginations, annihiler toute prise de conscience, chosifier l'individu.

L'espace du spectacle se veut original tant sur le plan toponymique ( lieu saint, marché traditionnel, entrée de la chefferie ou de la concession d'un grand notable, place publique, l'ombre de l'arbre à palabre centenaire ), que topographique ( talweg à la végétation luxuriante, escarpement rocheux...) L'ornement est aussi spécial. Les lianes ceinturent l'espace. Des grandes statues aux traits expressifs se dressent fièrement comme des champignons, ou sont couchées par terre comme pour interpeller tout un chacun. Des cauris multicolores, des canaris remplis de liquide parsèment le sol. Les officiants arborent les tenues traditionnelles d'apparat plus proches de celles des sociétés secrètes. Ils se font fort de dominer l'assistance, les gestuelles sont alors majestueuses. Des onomatopées fusent de toutes parts. Une discipline spartiate règne, gérée par une voie caverneuse déchirant l'air de manière intermittente, répandant une peur indicible.

Munis de morceaux de bambous, les participants en place depuis 4 à 5 heures de temps martèlent le sol, reprenant en choeur et par moments d'un ton languissant une chanson entonnée par l'un des officiants. Les femmes, nu-pieds, sont obligées de s'asseoir à même le sol. A la longue, les gestes de la foule deviennent de plus en plus mécaniques, les regards hagards, personne ne semble plus s'appartenir, comme si la masse était hypnotisée. Tour à tour et en rang serrés, on entreprend une course d'obstacles, véritable parcours de combattant. Le circuit sillonne toute la grande cour royale et passe entre autres à l'intérieur des deux cases et d'une cabane. Les épreuves des statues et du chien, les confessions avec abandon d'amulettes forment les éléments clés du spectacles. Les quelques notables et une flopée de badauds aux aguets s'agitent, prêts à répandre de folles rumeurs. Il s'agit à bien des égards, d'une séance de psychanalyse, de psychothérapie, d'exorcisme collectif. Ce mécanisme bien huilé et immuable est l'une des manifestations de la riche civilisation bamiléké.

FONDEMENTS DU CADI

Les bamiléké, semi-bantoïdes occupent les hautes terres de l'Ouest-Cameroun, leurs puissantes chefferies ayant colonisé la région depuis le 18e siècle. La structure sociétale est de type pyramidal. Au sommet de la hiérarchie, trônent le chef et sa cour, puis viennent les notables et enfin le reste de la population. La gérontocratie, le patriarcat, le droit d'aînesse, le dynamisme et la discipline constituent quelques unes de ces valeurs cardinales. Le cadi apparaît ainsi comme un moyen permettant d'asseoir l'ordre et la paix dans une société aux normes implacables. Le chef de droit divin, de succession patrilinéaire dispose d'un grand pouvoir politique et religieux. C'est le grand prêtre, l'initiateur du cadi. Cette pratique lui permet de consolider sa puissance, de faire retrouver à sa chefferie un nouvel équilibre politique et/ou social quand la société l'impose. Le cadi ne peut aussi se comprendre qu'en pénétrant et en s'imprégnant de l'imaginaire collectif bamiléké. L'intrusion de l'Occident judéo-chrétien n'a altéré que de manière superficielle la vision animiste des populations. La nature reste la source d'une vie intense et tout y incarne la puissance des dieux. Ainsi, au cours de l'épreuve du cadi, on sacralise les statues, le chien et autres symboles, cette attitude sécrète des tabous et interdits qui rythment la vie quotidienne.

Le chef, pour subvenir à ses nombreux besoins, vit de dons, contributions en nature ou en espèces et, dans un passé encore récent, des exactions et abus divers sur ses administrés. L'organisation du cadi représente ainsi pour lui et ses notables une source complémentaire de revenus faciles. En effet, chaque habitant ou ressortissant du terroir participe financièrement à l'événement. Les religions révélées, surtout d'obédience chrétienne, sont-elles compatibles avec le cadi? Cette question ne recouvre-t-elle pas également celle du choc des cultures, de l'affrontement entre les civilisations négro-africaine d'une part et occidentale et judéo-chrétienne d'autre part ?

Synthèses de Bamena.com

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