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Famille Bamena de Belgique (FBB)
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Famille Bamena de Belgique (FBB)
22 décembre 2013

Cameroun:Le Chef de la Communauté Bamena de Yaounde tire sa révérence

Wafeu_Sop_Sandjong_Jean2012

Wafeu Sop Sandjong Jean, désigné Chef de la Communauté Bamena de Yaoundé dépuis le 10 décembre 1990 a achevé son parcours terrestre se termine le 28 novembre 2013 à Yaoundé, où il est arrivé en 1952. Né de Yepmo et de Fantang en 1927 au quartier Toubiè dans le groupement Bamena, chez Fo’o Tchio (Tchaya optique), il est inscrit à l’école du village quelques années après sa naissance. Très tôt également, il se dira que sa vérité n’est pas à l’école, et se lance dans le petit commerce.

Ainsi, dans les années 40, il va régulièrement à Tonga où il achète du riz qu’il revend par la suite dans les marchés périodiques de sa région, notamment Balengou, Bangoua, Bangou, Bachingou et autres villages. Quelques années plus tard, il se lance dans la vente des chèvres. Sur conseils de Sop Ndjeya né Nzepang Samuel, il tente une nouvelle aventure : la vente des chèvres à Yaoundé. Pour son premier voyage, il part de son Bamena natal avec une vingtaine de chèvres (25 précisément). Trajet long et pénible, c’est à pied qu’il faut couvrir cette distance (Bamena-Yaoundé). Heureusement, à cette période la solidarité africaine n’était pas un vain mot.

Le contact avec l’occident n’avait pas encore altéré comme aujourd’hui les relations entre les africains par la balkanisation et l’exacerbation de la haine tribale. Il était toujours bien accueilli avec ses chèvres là où la nuit le trouvait.

Pour la petite histoire, il avait une cicatrice au bras, résultant de sa tentative de sauver une de ses chèvres tombée dans le fleuve Mbam, un peu comme le « Bon Berger.» Aidé par les piroguiers, il s’en était tiré d’affaire en sauvant sa chèvre. Arrivé à Yaoundé, les choses se passent bien et c’est très motivé que le jeune Ngongang Jean reprend la route de Bamena pour l’achat des chèvres.

Cette fois-ci, il est aidé par un de ses grands frères Wemba Ntchotchou Joseph, premier propriétaire de voiture dans le village qui transportera ses chèvres. Toujours bien accueilli chez son grand frère Sop Ndjeya né Nzepang Samuel, il décide de s’installer définitivement à Yaoundé en 1952 en demeurant sous le toit du dit frère. Quelques années après il s’installe non loin de son frère dont la maison était un « carrefour » où tous les bamena étaient accueillis. Vendeur de chèvres au marché central, il va changer de commerce pour se lancer dans la vente des chaussures et vêtements français dans les années 60.

Au début des années 70, il change une fois de plus de commerce et se lance dans la vente des ustensiles de cuisine fabriqués par la société Alubassa. En 1973, il fait la rencontre d’un malien venu fabriquer les marmites appelées vulgairement « macocottes. » Il se lance parallèlement dans la vente de ces produits faits de manière artisanale et devient de ce fait, le promoteur de ce type de marmite.
Un vétéran du Commerce au marché central

Le vétéran du commerce au marché central qu’était devenu Wafeu Sop Sandjong, en avait plein d’anecdotes. Lors de la transformation du marché central en immeuble rond de plusieurs étages, les autorités municipales avaient promis d’attribuer prioritairement les boutiques aux anciens commerçants de ce marché. Quelle ne fut pas leur surprise à la fin des travaux ? Certains anciens à l’instar de Wafeu Sop Sandjong se voient attribuer les boutiques au 3e étage (boutique N°319). Avec les autres, ils décident de protester. La nouvelle parvient au Président Ahmadou Ahidjo qui ordonne immédiatement la reprise de la distribution des boutiques conformément aux critères objectifs arrêtés préalablement. Au cours de cette nouvelle distribution (période où l’on ne parlait pas d’autochtone), une boutique est attribuée à Wafeu Sop Sandjong au rez-de-chaussée. Voyant que le taux de loyer était un peu plus élevé, il refusera la boutique et optera pour la boutique N°184 au 1er étage. C’était l’époque de la véritable unité nationale et de la rigueur dans la gestion du pays et de la cité.

Wafeu_Sop_Sandjong_Jean2012

Homme de cœur et de foi

Le domicile de Wafeu Sop Sandjong, était à l’image de celle de son grand frère Sop Ndjeya Nzepang Samuel : ouvert à tous. Tout le monde y était bien accueilli et ce ne sont pas ses locataires, y compris les mauvais qui en diraient le contraire. Eux qui malgré les arriérés étaient toujours invités à partager un verre de vin rouge avec lui malgré la désapprobation de sa famille. En cela l’on n’hésiterait pas à dire que Wafeu Sop Sandjong, mû par l’esprit de solidarité africaine, a été aussi influencé par l’accueil à lui réservé tout au long du parcours Bamena-Yaoundé dans les années 50 et l’accueil que son frère Sop Ndjeya réservait aux autres.

Ce comportement lui avait valu le nom de « Don Salvador » attribué par les vieux et les jeunes de son quartier. Et comment ne pas dire que cette marque de solidarité, de sympathie et de serviabilité n’est pas passée inaperçue aux yeux des membres de la communauté Bamena de Yaoundé qui jette son dévolu sur lui en 1989 pour être son guide.

C’est ainsi que le 10 décembre 1990 le Chef Supérieur du Groupement Bamena est venu l’installer comme le chef de cette communauté. Après la mort d’une de ses épouses en 2003, Wafeu Sop Sandjong a failli sombrer dans la dépression, n’eut été les conseils et le réconfort de son ami et frère Tagni Ngueti de la communauté Bangang-Fonkam. Homme de cœur, Wafeu Sop Sandjong s’était tout de même éloigné de l’Eglise avant de la réintégrer en 2007. Homme de foi, comment pourrait-il en être autrement ? Lui qui même loin de l’Eglise continuait à témoigner de l’amour de Dieu par son comportement. En fait il n’était pas comme ceux qui pensent qu’avoir la foi c’est être assidu aux cultes avec pour but non avoué d’être coopté ancien d’Eglise « Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur, mais qui font la volonté de mon Père qui entreront dans le Royaume» (Mt 7, 21).

Affaibli par une longue maladie dépuis 2008, le Chef de la communauté Bamena de Yaoundé, était toujours proche des siens, car cette communauté faisait partie intégrante de lui, c’était une partie de lui-même qu’il a servi avec honneur, justice et abnégation.

La rédaction se joint à la Communauté Bamena de Yaoundé, au Conseil Supérieur du Ndé de Yaoundé et à la famille éplorée pour souhaiter un bon retour à Wafeu Sop Sandjong dans la Maison du Père où il le verra face-à-face.

La levée de corps aura lieu à la morgue du CHU à Yaoundé le jeudi 19 décembre à 14 heures suivie d’un culte à la paroisse EEC de Mokolo et d’une veillée à son domicile situé à Mokolo, sis carrefour de la mission catholique. Le vendredi 20 décembre, ce sera le transfert du corps dans son village Bamena. Le 21 décembre 2013, ce sera le culte, les témoignages et l’inhumation.

L.F.

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